Bloc-notes

Qu'est-ce que l'esprit Baudouin ?

Baudouin fonda son Institut en 1924. Dans l’esprit, on peut le caractériser comme suit…
« Par une collaboration plus étroite des disciplines d’origine morale, religieuse, ou pédagogique avec les recherches des spécialistes sans distinction d’école, de confession ou de nationalité mais dans le plus large esprit de tolérance l’Institut se propose de répondre à un grand besoin de notre époque : l’élaboration d’une philosophie pratique de la vie fondée sur les données de la Science. » C’est le plus ancien des instituts de langue française formant des psychanalystes. Son comité d’Honneur fut composé entre autre d’Adler, Coué, Freud, Janet et Jung. »
« La psychagogie – de psyché, l’âme et ago, je conduis – est un mot qui désigne l’ensemble des techniques que l’on peut utiliser pour la solution des difficultés ou des conflits psychologiques. »
Richard Bévand – Action et Pensée – juin 1999

Spécificité de la psychagogie

Un texte de Paul MONTANGERAND :

Après « Psychanalyse ou Psychothérapie ? », « Spécificité de la psychagogie » explore de nouveau ce qui fait la spécificité de Charles Baudouin. Paul MONTANGERAND est psychanalyste, psychagogue, membre de l’Institut Baudouin. Il est l’un des tous derniers de l’Institut à avoir effectué une partie de son trajet analytique avec Charles Baudouin lui-même.

(Nous publions ce texte conjointement à la revue Action et Pensée n°56, mai 2010. Vous pouvez commander directement la revue en vous adressant au secrétariat de l’Institut, via contact de ce site).

SPÉCIFICITÉ  DE LA PSYCHAGOGIE
CRÉER UN CLIMAT HYPNOÏDE GRACE A LA QUALITÉ DE LA RELATION
« Une parole essaie de se former en moi au-delà de toutes les autres paroles et d’émerger à mes lèvres. Et cette parole est celle-ci : Le sens du monde est le sourire d’un enfant’’ (C.P. 139). 1 (cf. notes ci-dessous)

La publication en 1920 de la thèse de doctorat de Charles Baudouin, « Suggestion et autosuggestion, Etude psychologique et pédagogique d’après les résultats de la nouvelle école de Nancy », provoqua un tel intérêt, que l’ouvrage fut réédité en 1921, en 1922, puis en 1924, en même temps que la première version était traduite en anglais (1923) et en allemand (1924). Avec un tel succès vint le temps des controverses jalouses et des malentendus « venus de Paris », et trente ans plus tard  Baudouin dira en souriant, « ce sont  des guerres de religion !!! ». 2

Les freudiens orthodoxes de ce temps  qui l’avaient mal lu, l’accusaient d’un retour d’un quart de siècle en arrière. Ils croyaient la psychanalyse totalement affranchie de l’hypnose et de la suggestion. C’était bien mal connaître la nature humaine. Mais, dans le monde psychanalytique les disciples sont souvent plus royalistes que le roi.

En effet relisons attentivement ce qu’écrit Freud :

« Au cours de mes travaux de psychanalyse j’ai observé que l’attitude psychique d’un homme qui réfléchit est très différente de celle d’un homme qui observe ses propres réflexions… Comme on le voit, il s’agit, en somme de reconstituer un état psychique qui présente des analogies avec l’état intermédiaire entre la veille et le sommeil et sans doute aussi avec l’état hypnotique, au point de vue de la répartition de l’énergie psychique… Dans un cerveau créateur, tout se passe comme si l’intelligence avait retiré la garde qui veille aux portes… Vous autres critiques, ou quel que soit le nom qu’on vous donne, vous avez honte ou peur des moments de vertige que connaissent tous les vrais créateurs et dont la durée plus ou moins longue seule distingue l’artiste du rêveur… (Lettre du 1° décembre 1888). 3

Retenons bien cette phrase : « tout se passe  comme si l’intelligence avait retiré la garde qui veille aux portes ».

Freud  écrira un jour avec beaucoup d’honnêteté: « Nous avons abandonné l’hypnose pour redécouvrir la suggestion sous la forme du transfert. » 4

« Il est tout à fait exact que la psychanalyse travaille aussi au moyen de la suggestion, comme d’autres méthodes psychothérapeutiques. .. . La suggestion est bien plutôt employée à amener le malade à accomplir un travail psychique, ce qui équivaut à une modification durable de son économie psychique. Le transfert devient l’arme la plus forte de la résistance qu’il était, le meilleur instrument de la cure analytique.  Toutefois son  maniement reste la partie la plus difficile comme la plus importante de la cure analytique ». 5

C’est alors que Baudouin proposera une approche différente, portant sur la qualité de la relation, et secondairement sur des explications intellectuelles ;  approche plus délicate et plus difficile,  demandant au psychagogue beaucoup de finesse.  Mais certains freudiens orthodoxes n’acceptaient pas d’être impuissants devant un phénomène humain qui leur échappait :

« En d’autres termes, écrit Isabelle Stengers, les psychanalystes refusèrent la blessure narcissique que la réalité à imposé à leurs ambitions. Il vaut mieux maintenir une pratique qui donne au praticien l’impression qu’il comprend ce qu’il fait que d’admettre un retour à la perplexité ». 6

Baudouin n’ignorait pas les erreurs que pouvaient provoquer une mauvaise compréhension ou une déformation de la méthode qu’il préconisait car certains la confondait avec la méthode Coué :

« L’autosuggestion et la ‘’méthode Coué’’ sont devenues ces dernières années, à la suite de la publication en anglais de mon essai ‘’Suggestion et Autosuggestion’’, dans l’automne 1920, l’objet d’une vogue soudaine et grandissante… Depuis lors, il semble que le mouvement se développe dans deux directions toujours plus divergentes. La première c’est celle de la vogue proprement dite : l’autosuggestion se vulgarise, elle est à la mode ; ses résultats que l’on trouve ‘’miraculeux’’, suscitent des enthousiasmes plus ou moins délirants… La méthode devient comme une doctrine ; elle se nimbe d’un mysticisme facile et naïf… La seconde direction est celle que prennent quelques médecins, psychologues, pédagogues ou encore quelques honnêtes gens dotés d’une culture scientifique : ils ont reconnu dans cette nouveauté que l’on prône à tort et à travers une part de nouveauté authentique et saisissante qu’ils ont décidé de soumettre à l’étude expérimentale ». 7

Baudouin n’a pas été compris en son temps, et peut être ne l’est-il encore pas aujourd’hui par certains. Dans la revue ‘’Action et pensée’’ de janvier 1930 il soulignait :

« Je n’ai rien à répudier à la conception de la suggestion que j’ai soutenue lors de ma thèse. Mais ma conception, sans la modifier dans ses grandes lignes, s’est approfondie et complétée ; je ne saurais être tenu pour responsable de la vulgarisation ridicule, écœurante et coupable qui sous le nom emprunté de ‘’couéisme’’ a sévi un peu partout ».

Par ailleurs, il précise :

« Mais en aucun cas, ce n’est pas rendre service au sujet, que l’inviter à s’en remettre à des moyens trop simples et trop prometteurs, qui font figure de panacées, et qui sont en réalité l’apanage des charlatans… L’un des grands reproches qu’il faut adresser aux sottes vulgarisations… c’est d’avoir entretenu le public dans une dangereuse erreur. En réalité, la correction des troubles est une affaire moins simple qu’on veut bien le dire. L’hygiène mentale, comme l’autre, demande des sacrifices, quelquefois sévères ». 8

« Le psychagogue a raison de tenir en piètre estime les médecines prêcheuses et moralisantes ; il a raison de se  taire… ici encore le refus de répondre, le refus socratique de permettre au sujet cette solution facile qu’est l’adoption d’une sagesse dictée et toute faite, force dans ses retranchements la résistance à trouver sa propre voie. Et c’est dans ce sens paradoxal que la psychanalyse devient psychagogie. Nous voici – parce que nous sommes au centre de l’être – au point brûlant et inéluctable où la science est mise en demeure, si elle va jusqu’au bout d’elle même, de se convertir en sagesse. » 9

Si les recherches de Baudouin sont parties des travaux de Bernheim et de Coué, il n’en a pas adopté servilement leur définition de l’hypnose par la suggestion, car pour lui  l’autosuggestion est rendue possible grâce à un état hypnoïde  provoqué par la qualité du climat de la relation avec le patient.

Il ne s’agit plus de l’hypnose spectaculaire à la Charcot, mais d’une ambiance relationnelle imperceptible bien que réelle, favorisant la confiance nécessaire à l’ouverture du sujet au domaine intérieur subliminal, insoupçonné le plus souvent par le conscient. C’est à partir de ce moment que diverge l’exploration de Baudouin, il ne préconise pas la suggestion directive, venue d’un tiers extérieur, mais un climat nécessaire à l’ouverture vers un domaine intérieur ignoré du sujet,  et souvent considéré, à tort par la psychanalyse, comme étant d’ordre l’inférieur et du refoulé.

« C’est ici que s’éveille, écrit Baudouin, une inquiétude mainte fois exprimée : La psychanalyse n’est-elle pas une explication du supérieur par l’inférieur, une réduction de l’homme aux éléments animaux de la nature ? Ne comporte-t-elle pas, dans sa nature même, une méconnaissance de toute vie spirituelle 10 ? Il y a là, à notre avis, un malentendu entretenu il est vrai par l’exemple positiviste de Freud – conviction qui représente la position personnelle de Freud et n’engage que lui. Ce malentendu, il vaut la peine de nous y arrêter, de l’envisager un instant… afin de l’élucider ». 11

Il poursuit :

« La porte reste ouverte à l’hypothèse selon laquelle certaines instances comprendraient en outre des tendances originaires supérieures et non réductibles au biologique. Enfin il n’est pas contradictoire d’admettre que l’arc réactif dans son premier temps –sa zone sensible – reçoive d’autres incitations que celles des sensations extérieures, notamment celles d’une intuition spirituelle ». 12

Examinons maintenant le cheminement de la pensée de Baudouin en cherchant à quelles sources il s’est abreuvé. Chez Bergson nous lisons dans un article, ‘’L’énergie spirituelle’’ publié en 1919:

« Ne pourrait-il pas y avoir, autour de notre perception normale une frange de perceptions le plus souvent inconscientes, mais toutes prêtes à entrer dans la conscience, et s’y introduisant en effet dans certains cas exceptionnels, ou chez certains sujets prédisposés ? » 13

Rappelons-nous qu’en 1911 Bergson publia ‘’Sur le pragmatisme de William James’’ 14. Pour cet auteur notre expérience ordinaire ou naturelle n’est qu’un fragment d’un ensemble beaucoup plus vaste ; la conscience ignore certains phénomènes, mais, dans des circonstances exceptionnelles il peut y avoir une extension de notre moi. Nous lisons:

« Chaque part de nous, à un moment donné, est une partie d’un moi plus large ; elle vibre le long de rayons divers, et ce qui est actuel en elle est en continuité avec des possibles qui ne sont pas encore présents à notre regard… Est ce que vous et moi ne pourrions pas être confluents dans une conscience supérieure, et confluents de manière active là bas, bien qu’ici nous ne le saurions pas ? » 15

Pierre Janet avait déjà refusé de réduire l’étude de la conscience à la physiologie du cerveau. La force psychologique dont il parle dans sa thèse, ouvre à  une conception énergétique très complexe de l’esprit qu’il va développer jusque dans son cours de 1930, intitulé : « La force et la faiblesse psychologique ». Mais William James fait un pas de plus que Janet. Dès 1898 il parle »d’énergie spirituelle » qui peut se déverser dans la conscience des individus depuis une source subconsciente. Cette énergie n’est plus psychologique, c’est celle d’une vie mentale plus vaste que la vie cérébrale. La conscience d’un individu serait une fraction d’une conscience plus vaste, qui demeurerait pour lui, la plupart du temps ignorée, c’est-à-dire préconsciente. L’esprit est plus vaste que la conscience ordinaire ; les expériences de télépathie et de médiumnité  ne montrent-elles pas de tels transferts d’énergie d’un esprit à un autre, en dehors des voies sensorielles ordinaires

Au X° congrès de psychologie religieuse en 1956, dans un exposé « Le moi et ses mythes » 16,  Baudouin nous rappelle son attachement aux idées de cet auteur, tout en poursuivant sa recherche au-delà:

« Y a-t-il un au-delà du langage, et qui serait du domaine de  ‘’l’ineffable’’, de l’âme… Une sensibilité bergsonienne ici s’inscrira en faux contre une réduction pure et simple de l’âme au logos. Disons qu’il y a une sensibilité musicale, mystique, voir poétique – bien que le poète soit entre tous un artiste du mot, ce qui rend singulièrement instructif le fait qu’il n’en éprouve pas moins l’impérieux besoin de soutenir  le mot par le rythme et de l’enrichir par l’image… Mais au fond la question paraît bien rejoindre celle-ci : N’y a-t-il qu’un inconscient inférieur au moi, où y a-t-il aussi un inconscient supérieur ? Ou encore l’expression imagée n’est-elle par rapport à l’expression verbale et logique, qu’une survivance primitive, ou est-elle aussi nécessaire au-delà qu’en deçà du logos ? »

Ces considérations nouvelles pour l’époque ouvrent tout un champ d’explorations. Nous pouvons aller jusqu’à  penser que Baudouin serait à l’origine de la sophrologie, lorsque nous lisons dans sa thèse :

« C’est le lieu d’esquisser ici une psychologie de la détente. Lorsqu’une personne se détend, au double point de vue corporel et mental (et les deux vont de pair), ce sont certaines fonctions seulement qui se trouvent ralenties ou suspendues. Au point de vue mental, il y a suspension plus ou moins marquées des fonctions actives – raison et volonté. Au contraire l’imagination s’en donne à cœur joie ; l’aspect psychologique des états de détente, c’est d’être en général des états de rêve. Nous avons étudié ces états et nous y avons reconnu un « affleurement » du subconscient. Le sommeil est le plus caractéristique de ces états, et la psychanalyse nous a montré nettement que le subconscient s’y révèle… Nous pouvons ajouter qu’il est des catégories de personnes chez qui le subconscient a plus tendance à affleurer que chez d’autres… Il est en outre des tempéraments particulièrement doués pour les communications avec le subconscient, et qui figurent, suivant l’image de Th. Flournoy, des « puits artésiens », par lesquels le contenu des nappes profondes, spontanément jaillit » 17.

« L’aspect psychologique de la détente, c’est d’être un affleurement du subconscient, un relâchement de l’attention. Nous cherchions un « équivalent » de l’attention et il serait bien étrange que nous eussions cet équivalent dans la détente… Nous passons, comme dit Bergson d’un plan de conscience à un autre plan de conscience ». 18

« Parler d’un état qui appartient à un ‘’autre plan de conscience’’ est assez évocateur, mais assez peu précis. C’est peut-être cependant ce que nous pouvons dire de mieux pour le moment ». (ibid. page 123)

« Il est un ordre d’exercices  auxquels il nous faut consacrer une mention spéciale, car ils ont été recommandés de tous temps comme auxiliaire  « du développement de la puissance mentale ». Ils figurent déjà dans les yogas des Hindous,… Nous voulons parler des exercices respiratoires. Leur relation historique avec l’autosuggestion est-elle affaire de hasard, de tradition, ou est-elle également une relation logique ? Il s’agit, comme on sait, de pratiquer journellement des respirations profondes… Les auteurs préconisent la pratique de la respiration et de la suggestion simultanée… Notons au moins que la sensation de bien-être, qui succède toujours à une inspiration profonde, favorise sans contredit toute suggestion d’amélioration… En outre, par son rythmé régulier, la respiration consciente constitue une excitation mobilise l’attention et appelle l’hypnose. Enfin les rapports de l’attention en général et de la respiration sont bien connus 19. Cela suffirait déjà à rendre compte de la valeur de ces exercices comme auxiliaire de la suggestion « . 20

Nous voyons dans ces arguments la base des techniques actuelles de « pleine conscience » de « l’assise en silence » qui sont pratiquées depuis quelques années en psychiatrie par le docteur Yamine Lienard à l’hôpital Sainte Anne  de Paris ; et par le docteur Daniel Chevassut au CHU de Marseille 21 !

Quatre cents ans avant notre ère, Hippocrate insistait déjà sur l’importance d’une relation de confiance entre le médecin et son patient, élément essentiel dans le processus de guérison. La conviction du thérapeute est un élément primordial pour l’obtention d’un résultat :

« Si, écrit Jung, le médecin veut accompagner l’âme d’autrui… il faut qu’il soit en contact avec elle. Or ce contact ne s’établit jamais quand le médecin condamne en son for intérieur l’être qui se confie à lui. Qu’il ne dise rien de cette condamnation…de toute façon elle sera ressentie par le patient, et elle aura son cortège de conséquences… On ne saurait changer ce qu’on n’accepte pas. La condamnation morale ne libère point, elle opprime ; dès que je condamne un être en mon for intérieur, je ne suis plus son ami et je ne partage plus ses souffrances, je suis son oppresseur… Mais si un médecin veut aider un homme il doit l’accepter dans son ‘’être tel quel’’ ; et il ne peut le faire réellement que lorsqu’il s’est lui-même accepté au préalable, dans son être avec toutes ses faiblesses.» 22

Baudouin précisera :

« Au fond à la longue on ne trompe personne ; l’inconscient sait toujours quand l’autre ment, et le résultat le plus clair est la perte de confiance… Le tact est autre chose : il n’entend pas tromper, mais seulement présenter à chaque instant la vérité à l’autre de manière à ne pas le choquer ; c’est la diplomatie du cœur, la seule qui soit recommandable. » 23

Quelles conclusions devons-nous tirer de ce que nous avons survolé ? Est-ce le message adressé par Myriam la nomade à Christophe ?

« Le sens n’est jamais d’arriver quelque part » (C.P. page 117).

Message que Christophe, assagi, précisera plus tard :

« Vous tous qui vous attachez, de vos forces crispées à tel but…la meilleure aide que je puisse vous apporter, c’est de vous amener à desserrer votre prise… Apprenez le temps de l’ombre et du sommeil » (C.P. pages 147 – 148).

Pour cela, Baudouin nous invite à nous débarrasser des illusions du Moi qui veut tout expliquer, tout intellectualiser, nous rappelant à l’occasion que :

« Nous ne voyons pas les choses, nous les reconnaissons, nous projetons au-devant d’elles nos souvenirs et notre attente, et c’est ainsi que nous construisons la sensation ; celle-ci n’est pas un pur  effet du stimulus physique mais une résultante de celui-ci et de toute une activité du sujet… » 24

Puis commentant un article de E. Techoueyes :

« L’article initial de la sagesse hindoue, n’est-ce pas Maïa, la conscience de l’universelle illusion, la conviction que tout ce qui charme ou qui heurte  nos sens n’a que l’apparence de l’être et non pas l’être. Il ne faut accorder nulle créance à ce très vieil ami, né avec nous, développé avec nous, qui constitue notre moi personnel. C’est un très grand fauteur de désordre ; campé au plein centre des informations, il fait un choix fantaisiste entre ces dernières, distinguant celles qui lui agréent et celles qui lui déplaisent, coupant, taillant et retaillant à sa guise, se désintéressant de ce qu’il croit inutile à ses besoins. Le moi se fait le centre de tout ». 25

Toute théorie, par un intellectualisme desséchant, (issu de la fameuse ‘’association libre’’), risque de basculer dans un bavardage, véritable mur sonore coupant le sujet de sa réalité profonde, surtout si le thérapeute l’encourage sur cette voie de garage par ses propos discursifs. Toute théorie psychanalytique, bien que nécessaire, risque de provoquer l’enlisement dans le bourbier intellectuel, donc d’une  analyse interminable, ou d’encourager le patient à devenir un pseudo-thérapeute n’ayant rien compris à la psychagogie.

L’objet de la psychagogie n’est que secondairement un savoir sur l’inconscient, mais plutôt la recherche d’un éclairage sur notre rapport à celui-ci. Il s’agit d’approcher des affects, des émotions que nous voudrions décrire par des mots dont la capacité descriptive est limitée. Sans l’observation du langage du corps, du visage, de la voix (timbre, rythme).  Comment un passé douloureux peut-il être revécu, sinon dans le transfert, permettant de rendre conscientes les images  résidant derrière les émotions, et inversement.

Pour Baudouin, le climat de la relation est premier ; après Hegel, il développe l’idée que la conscience de soi est ‘’désir’’, non pas d’un objet (ce qui serait besoin) mais désir ne pouvant s’atteindre qu’en trouvant un autre désir. Ainsi ‘’être’’ c’est être pour autrui, être reconnu par autrui, non pas comme un objet bouche-trou comblant  un vide existentiel, mais  aimé pour l’infinitude de son être intime. L’autre est celui grâce à qui j’entre en communication avec moi-même et inversement, je suis celui grâce à qui il entre en communication avec lui-même. Je n’existe que dans la mesure où je suis reconnu par autrui. Pour Baudouin ‘’Je’’ n’existe que dans la mesure où je suis aimé (au sens propre du mot aimer qui définit l’acceptation du prochain tel qu’il est, avec toutes ses qualités et tous ses défauts). C’est là que réside le moteur de la véritable relation thérapeutique.

Le patient qui se confie à nous ne vient pas seulement pour avoir une explication à la cause à son mal être ou de sa souffrance, mais pour retrouver un sens à sa vie. Etre psychagogue est bien davantage que soigner des troubles mentaux. c’est avant tout aider celui qui nous accompagnons à découvrir le meilleur de lui-même. L’acte thérapeutique est un acte d’amour, aider autrui c’est croire en lui :

« Tout être est unique et admirable » (C.P. p. 20)

« Sous sa carapace terne ou brillante, l’homme naturel demeure, avec tout son drame et toute sa profondeur secrète. En étant simplement soi-même, il arrive qu’on touche cet homme-là, à travers le défaut de la cuirasse, et si l’on touche là, on touche juste, cela répond, comme certains cuivres se mettent tout à coup à vibrer par sympathie. Et l’on agit, un peu, en faveur de la délivrance de ce captif ». 26

« Je sais que des tares on peut faire autant de vertus, de chaque tare une vertu particulière. Et c’est peut-être là tout le secret de la vocation ». (C.P. p. 110)

Ce qui est demandé au psychagogue, c’est une présence authentique de tout son être, permettant à celui qu’il accompagne de retrouver au plus profond de son être « l’élan vital » le rendant créateur de lui-même par lui-même. William James, nous disait que le fait de croire en une hypothèse la rend vraie :

« Croyez  que la vie est digne d’être vécue, disait James, et votre croyance aidera à en créer le fait ». 27

Baudouin, se rappelant l’enseignement qu’il avait reçu de son maître Benoist Hanappier à l’université de Nancy, nous dit :

« N’oublie pas que, inconsciemment, par ta parole, par ton geste, par ton sourire, par ton silence, par ton être tout entier tu agis sur qui t’approche… Si ta destinée, si ta profession te mettent en rapport avec beaucoup de gens… quel bien tu peux faire par simple contact, par endosmose, rien qu’en étant toi-même et en restant toi-même en toute circonstance… Nous n’agissons point seulement par nos paroles… Notre individualité exerce en soi et à elle toute seule une influence aussi réelle que mystérieuse. Dès que deux créatures humaines entrent en contact, il se produit un phénomène analogue à l’osmose des physiciens. Ce qui crée parfois un lien si étroit, si puissant entre maître et disciple, c’est moins l’enseignement lui-même que la personne de celui qui enseigne ». 28

Par notre pratique nous ne pouvons manquer de constater que si la prise de conscience est nécessaire, elle est le plus souvent insuffisante si elle reste  intellectuelle, il faut aller au delà par l’ouverture au niveau affectif. L’accès à ce deuxième niveau est subordonné à la  « prise de confiance » en l’accompagnateur et en soi-même. La confiance est à la base de la relation thérapeutique, elle naît de l’amour-compassion, le vrai. Aimer, c’est accorder au prochain le temps d’une attention dépourvue d’intention, le temps d’une écoute redonnant confiance et espérance.

Une présence du thérapeute qui soit un présent, un don silencieux  ouvrant le patient à sa capacité de se donner lui-même, au delà de son angoisse de n’être pas entendu comme sujet. C‘est dans la qualité de cette présence  du psychagogue que dépend l’éveil à la vie de celui qu’il accompagne. Dans le vécu de cette « présence », le patient découvre qu’il peut être écouté et accepté tel qu’il est, donc digne d’intérêt, et qu’il peut se laisser vivre une émotion, une excitation parce qu’il sait qu’il existe une personne capable de partager et de penser ce qu’il vit.

Dans le même ouvrage Baudouin écrit :

« Développons en nous, sous toutes les formes qui nous sont personnellement accessibles, et que nous tenons pour raisonnables, l’attitude confiante. Si même cette confiance n’est pas extrêmement réfléchie, il n’importe ; sachons bien que la confiance ne peut jamais se justifier par des raisons péremptoires, car alors elle ne serait plus confiance, mais certitudes ; il y a dans toute confiance un peu de risque, de ce pari à la manière de Pascal. Elle n’est pas une conclusion logique, elle est joyeux abandon, audace légère de faire le premier pas, de faire allègrement nos avances à la vie » (page 100)… L’affirmation confiante est en effet parente du jeu et de la fiction, choses auxquelles s’entend si bien l’enfant. Il ne s’agit pas pour lui d’exprimer ce qu’il est, il s’agit d’inventer. Mais de la fiction à la création vraie il n’y a qu’un pas. Et la confiance aussi, quand même elle serait une affirmation gratuite, est une affirmation créatrice(page 101)… Si on me demandait ce qui me donne le plus de bonheur je répondrais : la confiance… Tout cœur humain doit être réchauffé. Que de cœurs glacés dans ce monde, qui aspirent à être réchauffés, mais qui ne trouvant pas le rayon bienfaisant, glacent le cœur des autres, leur ôtant la confiance. Et voilà une saison hivernale dans …un cercle de société, dans une famille ! Le contraire se produit souvent, et les effets sont merveilleux. Il y a des épidémies de tout, mais l’épidémie de confiance est  la plus belle, la plus joyeuse, la meilleure(page 102)… Parler de bonheur, dit Maeterlinck, n’est-ce pas un peu l’enseigner ?… Si vous vivez parmi des gens qui bénissent leur vie, vous ne tarderez pas à bénir votre vie. Le sourire est aussi contagieux que les larmes (page 103)… Ce qui fait la valeur de l’amour, en qui tant de sagesses et de religions se accordées à voir la loi de notre vie, n’est-ce pas surtout qu’il est possibilité toujours ouverte de sublimation décisive, une carrière où peuvent toujours s’élancer nos forces captives, s’harmonisant alors non seulement entre-elles, mais encore avec les forces d’autrui qui les multiplient joyeusement ? Mais souvenons-nous que c’est en parlant de la confiance, que nous avons rencontré, tout à l’heure, l’amour. Car il est d’abord confiance, il est ce premier pas allègrement risqué, ce premier geste qui appelle mille gestes en retour, mais qu’il fallait oser. Aimer les autres, c’est d’abord leur faire confiance (page 104). »

Pour Baudouin la « psychagogie » se définit par la qualité relationnelle nécessaire à l’établissement d’un « climat » favorable à l’épanouissement par l’ouverture de celui que nous accompagnons.

Enfin rappelons-nous ce qu’écrivait Jung :

« Même le psychothérapeute le plus expérimenté doit sans cesse découvrir qu’un lien et une connexion le concernant se sont créés à partir d’une inconscience commune. Et même s’il se figure posséder toutes les notions et toutes les connaissances nécessaires, il sera bien obligé de reconnaître qu’il existe beaucoup de choses dont son savoir scolaire n’avait pas la moindre idée. Chaque nouveau cas exigeant un travail de pionnier, et toute trace de routine se révèle être une fausse direction…. Du fait que le patient apporte un contenu activé de l’inconscient au médecin, le matériau inconscient correspondant se trouve également ‘’constellé’’ chez celui-ci par un effet d’induction… Par-là,  médecin et  patient se trouvent tous deux dans une relation qui repose sur une commune inconscience… C’est pourquoi les formes les plus hautes de la psychothérapie sont une activité très exigeante, où surgissent parfois des problèmes qui ne demandent pas seulement de l’intelligence et de la compréhension, mais requièrent l’homme tout entier. Le médecin aura tendance à exiger du malade cet engagement total, mais il lui faut bien être conscient que cette exigence n’a d’effet que s’il sait, en même temps, qu’elle vaut aussi pour lui-même » 29.

La tâche est d’autant plus difficile, ajoute Julia Kristeva que :

« Être psychanalyste, c’est savoir que toutes les histoires reviennent à parler d’amour, la plainte que me confient ceux qui balbutient à côté de moi a toujours pour cause un manque d’amour présent ou passé, réel ou imaginaire. Je ne peux l’entendre que si je me place moi-même en ce point d’infini, douleur ou ravissement. C’est avec ma défaillance que l’autre compose le sens de son aventure… Nous en sommes à déchiffrer dans chaque récit privé intime, inavouable,  les méandres de ce mal qui a un si étrange rapport avec les mots : idéalisation, tremblement, exaltation, passion, désir de fusion, de catastrophe mortelle tendue vers l’immortalité ». 30

En nous résumant nous pouvons dire : la confiance est à la base de la relation thérapeutique, elle naît de l’amour compassion, le vrai. Aimer, c’est accorder au prochain le temps d’une attention dépourvue d’intention, le temps d’une écoute redonnant confiance et espérance. Baudouin est convaincu de l’importance de laisser place à l’expression affective plutôt que cognitive et qu’un travail analytique n’existe que lorsque l’analysé est capable  de régression :

« L’analyse agit par l’actualisation des énergies qu’elle touche ; il est désirable que cette actualisation soit la plus complète possible ; elle est plus complète quand il y a décharge émotionnelle ; elle atteint son maximum dans le transfert d’analyse, et c’est pourquoi il est juste d’attribuer à celui-ci l’importance que l’on sait ». 31

Baudouin va définir la « psychagogie » par l’établissement d’un « climat » favorable : Le psychagogue ne guérit pas celui qu’il accompagne, il prend soin de son être où l’enjeu d’exister prime sur la recherche d’une bonne santé, en mettant le patient en mesure de se prendre en charge. Mais cette attitude n’est pas à confondre avec du maternage, elle comporte une rigueur rassurante, rigueur du cadre énoncée dès le début de la rencontre. D’ailleurs Christophe, au chapitre « L’Adversaire ou le dialogue de l’absurde », dit à Méphisto :

« J’entends par guérir autre chose que toi. Je sais que la nature humaine est pleine de tares, tu n’as rien à m’apprendre là-dessus. Je sais que la nature de chaque homme a sa tare particulière et je ne suis pas pour fermer les yeux sur elle, et je pense au contraire que tu nous aides à les mieux ouvrir, tu nous rends service. Mais je sais aussi que des tares, on peut faire autant de vertus, de chaque tare une vertu particulière. Et c’est peut-être là tout le secret de la vocation » (C.P. page 109).

La conviction du psychagogue est un élément primordial pour l’obtention d’un résultat thérapeutique. La maladie psychique correspond souvent à une période de doute et d’incertitude, un état  chaotique ; guérir consiste avant tout à retrouver un équilibre, un état de stabilité relative. Nous avons remarqué que le rituel des guérisseurs permet d’organiser le chaos ; dans la tête de nos patients ce sont des images et un climat relationnel qui guérissent le cœur et le corps. Le pouvoir de l’autosuggestion est fascinant.

Trois quart de siècle plus tard les découvertes de Baudouin seront confirmées scientifiquement par les recherches sur les « neurones miroirs » 32 grâce à l’observation devenue possible d’un cerveau en fonctionnement à l’aide d’ IRM et TEP 33.

Voilà un vaste domaine ouvert à votre réflexion future si vous voulez comprendre le message initiatique de Christophe le Passeur, disant à l’Enfant :

« Tu m’as instruit par ton sourire… Ce ne sont pas les paroles et les doctrines qui enseignent – autrement, ah ! Combien l’humanité serait depuis longtemps savante ! Mais c’est un ton, un sourire, une lumière, qui se dégagent parfois… de certaines paroles singulières »  (C.P. page 138).
« Mes amis c’est un grand mystère que l’homme vivant. Qui dira ce qui rayonne de lui ? Celui qui méditera ce mystère, méditera le mystère de l’incarnation » (C.P. 154).

Paul Montangerand, 9 février 2010

(cf. aussi la page spécificité et le document pdf de présentation de la spécificité Baudouin)

Notes: 

1 ‘’Christophe le Passeur’’, ouvrage posthume de Charles Baudouin deuxième édition Ed. Le courrier du Livre 1989. Par la suite, les articles de cet ouvrage seront référencés (C.P. page x)

2 Dans son ouvrage  ‘’Le mythe du moderne’’, page 84  Mont Blanc 1946. Baudouin écrit : « Il n’y a de guerre que de religion… tout homme persécute s’il ne peut convertir. A quoi remédie la culture qui rend la diversité adorable, mais la culture est rare. »

3 Ce texte de Freud a été tiré de ‘’La science des rêves’’, pages 56 57 Ed. Le Club Français du Livre 1963 ; Vous pouvez le trouver également dans une édition plus récente sous le titre ‘’L’interprétation des rêves » pages  94, 95, 96. 

4 S. Freud  G.W. 11 page 470.

5 S. Freud  ibid. page 54.

6  Léon Chertok Isabelle Stengers ‘’L’hypnose blessure narcissique’’ page 31 Ed. Les empêcheurs de penser en rond.

7 ‘’Essai Médico-Psychologique sur l’autosuggestion  Delachaux et Niestlé   (article de Vincent Barras dans l’ouvrage publié à l’occasion du 110° anniversaire de la naissance de Charles Baudouin sous la direction de Martine Ruchat et Charles Magnin Page 39)

8 Charles Baudouin ‘’Action et Pensée’’ septembre 1954.

9 Publié en 1950 dans les archives du 5° Congrès des sociétés de philosophie de langue française. P.U.F . Et  in ‘’ Action et Pensée’’ de juin 1969.

10 Notons au passage qu’il ne faut pas confondre ce qui est de l’ordre du spirituel, c’est à dire au-delà du psychique, et le religieux qui est de l’ordre du confessionnel.

11 Charles Baudouin ‘’De l’instinct à l’esprit‘’  page 295 Delachaux et Niestlé 1970.

12 Ibid. page 296. 13 Henri Bergson ‘’L’énergie spirituelle’’  page 78 P.U.F  1993

14 Texte reproduit dans ‘’La Pensée et le Mouvant’’  en  1934, réédité en 2003 chez P.U.F chapitre VIII page 239.

15 Stéphane Madelieux  ‘’William James l’attitude  empiriste’’  page 450  P.U.F 2008

16 Charles Baudouin  article ‘’le moi et ses mythes’’  X° congrès de psychologie religieuse 1956 Publié in ‘’Structure et liberté »

17 C. Baudouin  ‘’Suggestion et Autosuggestion’’ page 121  6° édition Delachaux et Niestlé  1951

18 C. Baudouin  ‘’Suggestion et Autosuggestion’’ page 122  6° édition Delachaux et Niestlé  1951

19 Spiritualité vient du latin ‘’spiritualis’’ qui signifiait alors ‘’propre à la respiration’’ avant d’évoluer en l’idée d’immatérialité. Et en hébreu esprit se dit ‘’rouah’’ signifie également souffle.

20 C. Baudouin  ‘’Suggestion et Autosuggestion’’ pages 144 – 145  6° édition Delachaux et Niestlé  1951

21 Sans renier l’apport inestimable des techniques médicales modernes, le docteur Chevassut met en évidence les carences de notre système de santé dont souffrent autant le personnel soignant que les patients. Il apporte dans son livre ‘’Réflexions d’un médecin bouddhiste pour les soignants et les soignés’’ de nombreuses propositions concrètes afin de promouvoir une médecine qui intègre les différentes dimensions de l’être humain. Dans de nombreuses cliniques aux Etats-Unis et en Europe les psychiatres utilisent la méditation, et la relaxation pour réduire l’anxiété et le stress. En médecine également les bénéfices de la méditation sur les maladies cardio-vasculaires sont reconnues.

22 Jung  ‘’L’âme et la vie’’ pages 124 – 125  Buchet Chastel 1965

23 Charles Baudouin  ‘’De l’instinct à l’esprit’’ page 141  Delachaux et Niestlé 1970

24 Action et Pensée  mars 1941 pages 2 – 4 – 9 . Baudouin se plaisait à rappeler ce que son ami Romain Rolland avait écrit dans son ouvrage ‘’Voyage intérieur’’ « A quelles erreurs fabuleuses mènent nos destinées les cartes de nos pensées, qu’on nous remet, enfant, et que, pendant des lustres, nous apprenons sur les bancs de la famille et de l’école, à épeler, réciter, dessiner ! Elles ne sont pas moins vides et vaines que celles de l’Afrique, avant que Stanley  ne l’eut  trouvée… C’est le continent noir ».

25 Citation non référencée

26 Charles Baudouin  ‘’Le mythe du Moderne’’ page 142 – 143  Ed. Mont Blanc 1946

27 In ‘’William James l’attitude empiriste’’ page 258  Stéphane Madelrieux P.U.F. 2008.

28 Charles Baudouin  ‘’La force en nous’’ pages 127-128 Delachaux et Niestlé 1950.

29 C.G. Jung  ‘’Psychologie du transfert’’  pages 29 et 31  Albin Michel 1980.

30 Julia Kristéva  ‘’Histoires d’amour’’ Denoël 1983.

31 Charles Baudouin  ‘’Mobilisation de l’énergie’’ page 295  Ed. Pelman 1955.

32 Voir mon article sur les Neurones miroirs.